Appel à communications : Meta, Matrix, Mater – Les métaphores de la matrice à la Renaissance, Paris, INHA, le 13 juin 2022, date limite le 20 mars 2022

Meta, Matrix, Mater – Les métaphores de la matrice à la Renaissance

L’Atelier du CHAR

Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne

Paris, INHA, 13 juin 2022

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Les études et les manifestations scientifiques s’intéressant au sexe féminin à la Renaissance se sont multipliées ces dernières années avec l’essor d’une histoire de l’art féministe attentive à la question du genre. Beaucoup d’entre elles se sont attachées à contextualiser les images d’une vulve complètement glabre et lisse, policée et polissée, ou au contraire ostensiblement érotisée. Envisagé comme un complément de cette approche tournée vers les organes génitaux extérieurs et vers leur représentation mise à nu, l’Atelier du CHAR de 2022 souhaite ré-explorer l’imaginaire du sexe féminin de l’intérieur et se consacrer aux métaphores de la matrice dans les images et la culture matérielle à la Renaissance. La période chronologique considérée va du milieu du XIVe siècle aux premières décennies du XVIIe siècle.

À la suite d’Hippocrate et de Galien, la Renaissance confond l’utérus et la matrice qu’elle considère comme l’essence même de la féminité. C’est ainsi la matrice qui conditionne la maternité en intervenant dans la procréation en tant que principe féminin, récipient et réceptacle. C’est aussi elle qui, de manière moins glorieuse, cause la plupart des maladies qui affectent spécifiquement les femmes, plus enclines à se laisser gagner par le flegmatique que les hommes. L’étymologie du mot conserve d’ailleurs très bien le souvenir de ces deux fonctions, l’une louable, l’autre méprisable : en latin la mater, la mère, a donné la matrix, la matrice, créant une filiation qui est restée ancrée dans le français, l’italien et encore plus dans l’allemand (de mutter à gebärmutter) ; tandis qu’en grec ancien l’hústeros, le bas ou l’inférieur, a donné l’hustera, l’utérus, qui a servi à nommer péjorativement l’hystérie.

Alors que la matrice se trouve au cœur de ces préoccupations, la représenter pose un problème de taille. Organe interne soustrait à la vue des médecins, des artistes et des spectateurs à cause de l’opacité de la chair, sa forme varie au gré de l’imaginaire. On s’accorde à la dire creuse et humide, tantôt rouge comme le sang avec une odeur de rose, tantôt plongée dans une obscurité fétide et putride où se développent les maladies les plus ignobles. La question qui se pose alors est de savoir comment se construisent les différentes métaphores qui ont pu être utilisées pour représenter la matrice que ce soit pour exalter sa capacité de procréation ou pour blâmer ses aspects horrifiques, parfois presque démoniaques. Et sûrement faut-il s’interroger encore davantage sur les savoirs et les pratiques culturelles auxquels cette poétique est liée.

Les fruits, les fleurs et les animaux sont bien sûr à l’origine d’un nombre considérable de métaphores naturelles dans les images et les traités médicaux comme l’Hortus sanitatis de Johannes de Cuba paru en 1491 ; de la grenade à la rose en passant par la vanille dans le Nouveau Monde ; des amphibiens, notamment les crapauds et le dragon-salamandre qui accompagne sainte Marguerite, aux cétacés tels le dauphin à partir de la correspondance étymologique entre delphis et delphus, respectivement dauphin et matrice, ou la baleine qui engloutit puis recrache Jonas en devenant le lieu de sa renaissance.

L’étymologie indique en outre que la matière elle-même serait matricielle puisque le mot latin matera dérive de mater au point d’inciter à prendre en considération les grottes dont celle de Boboli, les architectures-cocons, les textiles et toutes les métaphores qui engagent des matériaux, figuratifs ou réels, pour symboliser l’organe génital interne, lieu de la procréation et de l’Incarnation dans le cas de la Vierge Marie. Les caractéristiques et l’effet haptique de ces matériaux, l’impression de leur mollesse, de leur spongiosité et de leur malléabilité proches de celle des membranes ou de la cavité utérines sont à envisager comme partie prenante de la métaphore en ce qu’ils caractérisent la matrice par opposition à la virilité dure du principe masculin.

Cette proximité évidente entre matrix, mater et materia appelle enfin à envisager les ex-voto et autres éléments de la culture matérielle témoignant de thérapies contre les maux utérins et de pratiques dévotionnelles ou folkloriques centrées autour de la grossesse et de la parturition. C’est le cas en particulier des objets rouge-sang, teintés de cette couleur de l’« irruption du dedans » qui serait une figurabilité non-mimétique de la matrice et de ses menstrues (Didi-Huberman), qu’ils soient constitués de cire teintée rouge, de corail ou de pierres précieuses et semi-précieuses comme le rubis, la cornaline, le jaspe rouge, la magnétite ou encore l’hématite.

Cette journée d’étude se propose ainsi d’interroger l’imaginaire de la matrice, ainsi que ses différents modes de représentation à l’époque moderne, dans un dialogue interdisciplinaire entre histoire de l’art, culture visuelle et matérielle, histoire et littérature. Les propositions de communication pourront porter, sans s’y limiter, sur les thèmes suivants :

• les allusions au monde végétal et animal
• les lieux symboliques
• les métaphores matérielles de la naissance
• la poétique de la génération et de la régénération
• les schématisations symboliques et anatomiques
• les formes textuelles, entre narrative et rhétorique
• la réception des métaphores liées à la matrice et à l’utérus

Les propositions de communication se feront sous forme de résumés de 300 mots maximum, accompagnées d’un titre et d’une brève présentation bio-bibliographique de l’auteur ; elles sont à envoyer par courrier électronique à cette adresse avant le 20 mars 2022.

Organisatrices :

Fiammetta Campagnoli (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CHAR);

Florence Larcher (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CHAR)

Call for papers

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Meta, Matrix, Mater – Renaissance Metaphors of the Matrix

L’Atelier du CHAR

Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne

Paris, INHA, 13th June 2022

 

The female sex has become the core of an increasing number of Early Modern studies since the rise of a gender-sensitive feminist viewpoint in art history. Many have dealt with images of a hairless and polished vulva, sometimes ostensibly eroticized. Pending this approach, the 2022 CHAR Workshop wishes to re-explore the imaginary of the female sex from within and focus on the metaphors of the matrix in images and material culture from the middle of the 14th century to the first decades of the 17th century.

Since the Early Modern Period relied on the writings of Hippocrates and Galen, the womb is confused with the matrix. Both are considered to be the very essence of femininity engaged at all levels from procreation to maternity, as a feminine principle and receptacle. Although it was also considered to be the nasty source of the diseases that specifically affect women, since they were more prone to phlegm than men. The etymology preserves the memory of these two functions, one praiseworthy and the other despicable. The Latin matrix derives from mater (mother) creating a positive affiliation that lives on in French, Italian and even more so in German (gebärmutter/mutter) whereas the pejorative names like hysteria and hustera (uterus) are linked to the ancient Greek hústeros (the lower, the inferior).

Despite being referred to on a daily basis, the matrix defies any attempt of representation. This internal organ is hidden from the eyes of doctors, artists, and spectators because of the opacity of the flesh. Its form thus varies according to the imagination: hollow and moist, blood-red with a blooming rose scent, or plunged in fetid and putrid darkness where the most ignoble diseases arise. Therefore it is still worth wondering how the various metaphors are constructed and used to represent the matrix, whether to exalt its procreative capacity or to blame its horrific and almost demonic aspects; and even more worth questioning how these are related to science and cultural practices.

Fruits, flowers, and animals provide a considerable number of natural metaphors in images and medical treatises such as Johannes de Cuba’s Hortus sanitatis published in 1491: pomegranates, roses but also vanilla in the New World; amphibians, in particular toads and the dragon-salamander that accompanies Saint Margaret; cetaceans, especially the whale that swallows up and then spits out Jonah, thus becoming the place of his rebirth, or dolphins based on the etymological link between delphis (dolphin) and delphus (matrix).

Since the Latin matera derives from mater, material itself is to be considered matrix-like. Caves like those inside the Boboli gardens in Florence, architecture, and textiles are some of the many metaphors involving materials, figurative or real, that symbolize the internal genital organ as the place of procreation or Incarnation in the case of the Virgin. Their characteristics and haptic effects, the sense of their softness, sponginess and malleability similar to that of the uterine membranes or cavity, should be considered as a full part of the metaphor precisely because they help characterizing the matrix in opposition to the virility of manhood.

This obvious proximity between matrix, mater and materia finally calls for the consideration of ex-voto and other items, activated during devotional and folk practices, used to assure pregnancy and easy childbirth. This is particularly true of items in blood-red color, tinted with this colour of the ‘irruption of the interior’, this non-mimetic figurability of the matrix and its menses (Didi-Huberman), whether they are made of red-tinted wax, coral or precious and semi-precious stones such as ruby, carnelian, red jasper, magnetite, hematite.

Research proposals for papers may address, but are not limited to, the following enumerated themes:

• Natural metaphors using plants or animals,
• Symbolic places, landscapes or buildings,
• Material metaphors of birth,
• Poetics of generation and regeneration,
• Anatomical diagrams and more generally schematizations linked to the matrix,
• Textual metaphors balancing between narrative and rhetoric,
• Reception of these metaphors.

Proposals should be sent via email to this address before March 20th, 2022 in the form of a 300-word abstract accompanied by a title and a brief bio-bibliographical presentation of the author.

Organisers:

Fiammetta Campagnoli (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CHAR)

Florence Larcher (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CHAR)

Call for papers

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Meta, Matrix, Mater – Le metafore della matrice nel Rinascimento

L’Atelier du CHAR

Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne

Parigi, INHA, 13 giugno 2022

 

Gli studi e gli eventi accademici, che trattano il sesso femminile nel Rinascimento, si sono moltiplicati, negli ultimi anni, con lo sviluppo di una storia dell’arte femminista, attenta alle questioni di genere. Molte di queste occasioni si sono dedicate alla contestualizzazione delle immagini di una vulva completamente glabra e liscia, levigata e lucidata, o al contrario, esplicitamente erotizzata. Pensato come un complemento a questo approccio, volto allo studio dei genitali esterni e alla loro rappresentazione, l’Atelier du CHAR 2022 vuole riesplorare l’immaginario del sesso femminile dall’interno, concentrandosi sulle metafore della matrice nelle immagini e nella cultura materiale del Rinascimento. Il periodo cronologico considerato va dalla metà del XIV secolo ai primi decenni del XVII secolo.

Basandosi su Ippocrate e Galeno, il Rinascimento ha confuso l’utero con la matrice, considerandola l’essenza stessa della femminilità. È dunque l’utero che condiziona la maternità, intervenendo nella procreazione come principio femminile, contenitore e ricettacolo. È anche, meno gloriosamente, la causa della maggior parte delle malattie che colpiscono specificamente le donne, ritenute più cagionevoli degli uomini. L’etimologia testimonia queste due funzioni, una lodevole, l’altra spregevole: in latino la mater, la madre, ha dato la matrix, la matrice, creando una filiazione che è rimasta presente in francese, italiano e ancor più in tedesco (da mutter a gebärmutter); mentre in greco antico hústeros, il basso o l’inferiore, ha dato hustera, l’utero, che è stato usato per nominare in modo peggiorativo l’isteria.

Se la matrice è al centro di queste preoccupazioni, la sua rappresentazione risulta problematica. Trattandosi di un organo interno – nascosto alla vista di medici, artisti e spettatori a causa dell’opacità della carne –, la sua forma varia notevolmente. Si dice che sia cavo e umido, a volte rosso come il sangue con un odore di rosa, a volte immerso in un’oscurità fetida e putrida, dove si sviluppano le malattie più ignobili. Si pone così la questione sull’elaborazione delle differenti metafore, usate per evocare la matrice, tanto per esaltare la sua capacità procreativa, quanto per biasimarne gli aspetti orribili, a volte quasi demoniaci. E sicuramente è necessario porsi ancora più domande sui saperi e sulle pratiche culturali a cui questa poetica è legata.

Frutti, fiori e animali sono certamente la fonte di un numero considerevole di metafore naturali in immagini e trattati medici come l’Hortus sanitatis di Johannes de Cuba pubblicato nel 1491; dal melograno alla rosa alla vaniglia nel Nuovo Mondo; dagli anfibi, in particolare i rospi e il drago-salamandra che accompagna Santa Margherita, ai cetacei come il delfino dalla corrispondenza etimologica tra delphis e delphus, rispettivamente delfino e matrice, o la balena che ingoia e poi sputa Giona, diventando il luogo della sua rinascita.

L’etimologia indica, anche, che la materia stessa sarebbe la matrice, dato che la parola latina matera deriva da mater, al punto da indurci a prendere in considerazione le grotte, compresa quella di Boboli, le architetture, i tessuti e tutte le metafore che coinvolgono materiali, figurativi o reali, per simboleggiare l’organo genitale interno, il luogo della procreazione e dell’incarnazione nel caso della Vergine Maria. Le caratteristiche e l’effetto aptico di questi elementi, l’impressione della loro morbidezza, spugnosità e malleabilità, simile a quella delle membrane o delle cavità uterine, sono da considerarsi parte della metafora in quanto caratterizzano la matrice in opposizione alla dura virilità del principio maschile.

Questa evidente vicinanza tra la matrice, la madre e la materia richiede, infine, la considerazione di ex-voto ed altri manufatti che testimoniano non solo terapie contro i disturbi uterini, ma anche pratiche devozionali o popolari incentrate sulla gravidanza e sul parto. Questo è particolarmente vero per gli oggetti rosso sangue, tinti del colore dell'”irruzione dell’interno”, che sarebbe una figurabilità non mimetica della matrice e delle sue mestruazioni (Didi-Huberman), sia che siano fatti di cera tinta di rosso, corallo, o pietre preziose e semipreziose come il rubino, la corniola, il diaspro rosso, la magnetite o l’ematite.

La giornata di studi si propone d’interrogare l’immaginario della matrice, così come i suoi differenti modi di rappresentazione durante l’epoca moderna. Con l’intento di intessere un dialogo interdisciplinare tra storia dell’arte, cultura visuale e materiale, storia e letteratura, le proposte d’intervento potranno, senza limitarvisi, trattare:

• le allusioni al mondo vegetale ed animale
• i luoghi simbolici
• le metafore materiali legate al parto e, più in generale, alla nascita
• la poetica delle generazione e della rigenerazione
• le schematizzazioni simboliche ed anatomiche
• le forme testuali, tra narrazione e retorica
• la ricezione delle metafore legate alla matrice e all’utero

Le proposte d’intervento dovranno comportare un titolo, un riassunto di al massimo 300 parole ed una breve presentazione bio-bibliografica dell’autore. I contributi dovranno essere inviati a questo indirizzo prima del 20 marzo 2022.

Organisatrici:

Fiammetta Campagnoli (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CHAR)

Florence Larcher (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CHAR)

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